Présentation de Camille Farge et l'arrivée de la musique dans sa vie
Bonjour les audacieuses, j’espère que vous allez bien.
Aujourd’hui, c’est un épisode spécial car c’est un épisode qui va sortir le 21 juin, jour de la fête de la musique. Donc j’en ai fait un épisode un peu particulier complètement sous le signe de la musique. Ce sera en duo avec Camille qui est une jeune artiste que je voulais soutenir pour cette journée de la musique et surtout parce qu’elle a une histoire avec la musique que j’avais envie de vous partager, de vous faire découvrir. La musique l’a aidée à trouver des solutions à différentes époques de sa vie. C’est pourquoi, je voulais faire ce duo particulier et en hommage à la musique.
Sophie : Bonjour Camille !
Caille : Bonjour Sophie !
Sophie : Comment vas-tu ?
Camille : ça va très bien, je suis vraiment ravie d’être avec toi aujourd’hui et contente de pouvoir partager avec vous ma musique.
Sophie : Justement, est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce côté artistique, cette facette artistique qui est la tienne ?
Camille : Alors déjà tu nous dis que je suis une jeune artiste, je te remercie car j’ai quand même 50 ans, bientôt 51, mais je me sens effectivement toujours très jeune et de plus en plus jeune dans ma tête, m’autorisant de plus en plus de folie. Je suis une jeune artiste parce que j’ai commencé la musique à 33 ans et je n’avais jamais, jamais fait de musique avant dans ma vie.
Aujourd’hui, j’ai deux albums en ligne. Donc, c’est quelque chose d’assez extraordinaire qui s’est passé et que je n’ai pas choisi. Je n’ai jamais voulu être chanteuse ni artiste mais cela s’est imposé à moi dans une « nécessité de survie ». Dans l’historique de ma vie, j’ai toujours bien aimé chanter, j’étais chez les scouts et on chantait toujours beaucoup et moi j’avais la caractéristique de chanter très, très fort et parfois pas très, très juste. En tout cas, j’avais du coffre et j’étais contente de chanter, cela m’a toujours accompagnée. Puis, il est arrivé un événement dans ma vie personnelle où je me suis séparée de mon compagnon. Or ce compagnon n’était pas quelqu’un de très bienveillant surtout après notre séparation. Il a marché devant chez moi pendant quatre années, tous les jours, pendant deux heures, une sorte de « harcèlement ».
Sophie : Mais c’est du harcèlement.
Camille : Moi, j’étais toute seule avec trois enfants et lui qui marchait devant chez moi, autant vous dire qu’il y avait des moments où je me sentais un petit peu seule. En plus, j’avais choisi de vivre à l’étranger. Donc, je n’étais pas accompagnée de ma famille et mes enfants étaient relativement jeunes. La dernière avait un an et demi, puis la 2ème cinq ans et enfin, l’aînée huit ans ou quelque chose comme ça. Et, comme toute maman, toute seule avec trois enfants, il y avait des moments où j’avais envie de péter les plombs. Donc, j’ai décidé de me mettre à gratter la guitare pour m’accompagner au chant. J’avais cette envie de jouer. Et donc je regardais des tutoriels sur YouTube, comme, chansons les plus faciles avec le moins d’accords possibles. Et c’est ainsi, que j’ai commencé à m’accompagner. Il y a eu la première, c’était mon amant à la Saint-Jean où vraiment je plaquais un accord et je chantais puis, je ne sais pourquoi, je faisais une grande pause, je changeais mes doigts de position et je reprenais puis j’allais danser. Bref, c’était très chaotique mais j’avais un très, très grand plaisir de chanter.
Et, quand je sortais de mes sessions musicales, qui ne valaient pas grand-chose, j’avais déjà énormément de paix à l’intérieur de moi. Et, mes enfants, je ne sais pas pourquoi, ils devaient le sentir, ils ne s’approchaient plus de moi, ils ne demandaient pas d’être sur mes genoux ou dans mes bras quand j’avais la guitare. Et, pour moi, c’était comme une soupape de sortie où je pouvais me relâcher, me permettre de faire quelque chose pour moi personnellement et les enfants l’acceptaient. Donc, j’ai commencé comme cela à apprendre des morceaux de musique et des chansons toute seule.
Ensuite, dans mon parcours de vie, mon ex compagnon qui me harcelait, faisait beaucoup de choses qui me perturbaient. Et donc, j’allais porter plainte à la police. D’ailleurs, il m’avait tapée, d’où la raison de notre séparation. J’avais commencé à lui désobéir, j’essayais de ne plus lui déplaire. Je ne faisais plus ce qu’il voulait, jusqu’au moment où je me suis rendu compte que c’était vraiment ni bon pour moi ni bon pour mes enfants. Donc, à partir de ce moment-là, où je lui ai dit non, il m’a tapée. Et, là, au moins, c’était clair, j’étais contente qu’il m’ait tapée car j’ai enfin compris qu’il y avait eu de la violence psychologique avant, que je ne voyais pas, et maintenant, il m’avait tapée donc c’était de la vraie violence. Et c’est là que nous nous sommes séparés. Je me suis retrouvée toute seule avec mes trois enfants et lui qui continuait à me faire violence de manière indirecte car quand je sortais avec ma voiture, il s’allongeait sur la route pour m’empêcher de partir, par exemple. Il hurlait aussi devant la maison dès qu’il entendait les enfants qui pleuraient, ce qui est tout à fait normal. Il hurlait en appelant les enfants, des choses vraiment pas cool. Et du coup, pendant au moins un ou deux ans, chaque mois, dès qu’il faisait quelque chose de désagréable, j’allais à la police pour leur dire tout ce qu’il faisait ou disait car il me piquait tous mes outils de travail, de jardin, des petites choses. Et donc, j’allais à la police et j’y suis allée une quinze, vingtaine de fois, sauf que j’avais « fait l’erreur » lorsqu’il m’avait tapée et que j’avais porté plainte auprès de la police, de répondre lorsqu’ils m’ont demandé : est-ce que vous pensez qu’il peut vous tuer ? NON, (j’avais vécu 4 ans, 5 ans avec lui et oui je l’avais mis en colère puisque j’avais cessé d’obéir mais je ne pensais pas qu’il aller me tuer). Or, c’était une grosse erreur de ma part, j’aurais dû dire que je ne savais pas, que c’était la 1ère fois qu’il été agressif physiquement avec moi. Or du moment, que j’avais dit non je n’ai pas peur qu’il me tue, les tribunaux ne pouvaient plus mettre en place, un périmètre de protection pour moi. Et, moi, le seul moyen que j’avais pour essayer de faire pression par rapport à la justice, c’était de cumuler les plaintes avec tout ce qu’il me faisait afin de pouvoir l’éloigner de chez moi.
Or, voilà, qu’à la vingtième fois, (surtout que les 1ères fois, la police m’avait dit : « mais Madame qu’est-ce que vous avez fait pour qu’ils vous tapent ? » oui effectivement j’avais désobéi, j’aurais dû rester dans le rang).
Sophie : Obéissance ou soumission totale ?
Camille : complètement. Donc, au bout de la vingtième plainte, deux – trois policiers qui étaient là dont le chef de police et qui en avaient marre de me voir, (surtout que l’on habitait dans un endroit où il ne se passe pas grand-chose) m’ont dit : « Madame, arrêtez de venir, on ne peut plus rien pour vous, qu’est-ce que vous voulez à la fin ? » Et moi je leur ai dit, écoutez-moi au moins pour que vous compreniez ma situation, que vous sachiez ce qui se passe. Et ils m’ont répondu : « mais Madame, si vous voulez être entendue, vous voulez être comprise, ce n’est pas la police qu’il faut aller mais chez un psychologue à l’hôpital, cela vous aidera. Tu vois le truc ?
Sophie : Bonjour les institutions.
Camille : Tout à fait. Et donc moi je suis sortie de cet endroit-là, au lieu d’être une victime, j’étais devenue une malade mentale. Tu vois le truc ?
Je suis donc rentrée chez moi comme abasourdie. Tu sais quelque chose comme quand un immeuble te tombe sur la tête et qui t’ébranle très, très profondément, dans la justesse de qui tu es. Je me suis mise à pleurer, j’étais complétement abattue, pendant une heure, une heure et demie puis j’ai senti en moi quelque chose monter, de très précieux qui m’a dit : « Camille, arrête de pleurer, il t’est arrivé un truc détestable mais tu dois trouver un moyen pour que cette situation détestable, devienne une leçon pour que cela ne se reproduise plus jamais. Tu vois le changement, le switch ?
Sophie : Mais, bravo parce qu’en quelques heures, c’est impressionnant.
Camille : cela faisait déjà deux ans, enfin plus de six ans que je me faisais « taper sur la tête », à me faire dire que je n’étais pas quelqu’un de correct, que ce que je faisais n’était pas correct. Donc, là, c’était la goutte de trop qui a fait déborder le vase. Or, je n’allais pas encore une fois vivre une journée « horriblissime » à cause de ces mecs-là qui me faisaient chier. Et là, j’ai dit NON. Je ne veux plus leur donner le pouvoir de me mettre complètement comme une carpette, comme une serpillière, il faut que je trouve, il faut que je change un truc, tu vois, il faut que je rebondisse pour que cela arrête de me toucher, de m’atteindre. Et donc, je me suis dit : « ok, je vais écrire un truc, je vais écrire un poème ». Puis, après coup, je me suis dit que je connaissais aussi quelques chansons, et que c’était super facile avec trois accords. Donc, je vais faire un poème, je vais écrire une chanson qui deviendra mon mantra que je pourrais me répéter en boucle. Donc, 1ere question : « qu’est-ce que je vais écrire sur mon papier ? » et là, j’ai écrit : « je suis allée voir les policiers, ce n’était pas une bonne idée, on m’a appelé au tribunal mais j’ai jamais rien fait de mal, qu’est-ce que je dois faire pour vivre en paix ? Qu’est-ce que je dois faire pour vivre en paix ? ». Et c’est ainsi que les paroles sont venues en portugais puisque je vivais au Portugal. Donc là, je vous l’ai traduite en français. Et la suite, c’est : « On dit que nous recevons ce que nous semons. J’ai toujours pensé bien faire mais me voilà les quatre fers en l’air. Mais qu’est-ce que je dois faire pour vivre en paix ? »
En fait, ce fut une sorte de responsabilisation car peut-être qu’il y avait quelque chose que je ne faisais pas très bien en définitive dans ma vie et c’est pour cela que cela m’arrivait. Or, je me suis dit que si je chantais, cela pourrait déjà m’aider à me sentir bien. Et donc me voilà, avec la guitare et mes trois accords que je plaque sur la guitare, j’étais débutante de chez débutante et là, je répète à tue-tête cette chanson. Et au bout de deux heures, je pleurais de joie Et tout, d’un coup, je me suis dis : « regarde Camille, ce que tu es en train de faire, tu es en train de créer une chanson en vrai, ta première chanson ». Et cela a transmuté mon énergie. Tu vois l’idée ?
Sophie : Avec la puissance des mots et la puissance de la musique, cela a vraiment marché pour toi.
Naissance de son 1er album Inassouvie
Camille : Et maintenant, je bénis ce chef de police car une fois que je me suis rendu compte que je pouvais créer des chansons, des mantras qui me permettaient de passer de moments difficiles (je ne pouvais pas changer mon extérieur, je ne pouvais pas demander aux autres de se transformer, ils étaient comme ils étaient) à un état de recevoir ces embrouilles-là, tout en changeant mon état d’esprit.
Et donc après dès que j’avais un petit problème, un petit bobo, une petite émotion, chansons ! Et ça me mettait en joie. Heureusement, avec le temps, j’ai quand même réussi à faire des chansons joyeuses.
Sophie : Et du coup, c’est comme ça qu’est né ton premier album avec dix chansons, dont des joyeuses voire même quelques coquines.
Camille : Oui tout à fait. C’est devenu, un outil, pour moi, de raconter ma vie en chantant pour changer mon énergie. Et c’est comme cela que tout a commencé pour moi. Ensuite, la deuxième chanson, c’était grâce à la gentillesse des gens qui nous accueillaient dans leur village au Portugal, dans une île où j’habite aux Açores, qu’elle m’est venue car j’avais reçu un message où les îliens remerciaient les étrangers qui décidaient de venir vivre chez eux. Et, là je me suis dit, « c’est incroyable comme ils sont trop gentils », il faut que j’écrive une chanson pour les remercier. Et, c’est ainsi que j’ai écrit ma deuxième chanson pour les remercier, pour expliquer pourquoi je vivais dans leur île, …. Puis, j’ai écrit une 3ème chanson car je me suis dit que cela pouvait être bien de remercier pour tout ce que j’ai, c’était ma gratitude envers la vie. Et donc, j’ai écrit une chanson sur ma fille Malou qui m’a permis d’être transformée en maman. Cette chanson-là, beaucoup de femmes l’aime parce que c’est vrai que c’est grâce à nos aînés que l’on apprend comment devenir éducateurs en définitive, et que l’on ne sait pas tout, surtout dans nos sociétés où nous vivons tellement séparés de nos enfants jusqu’à l’âge d’en avoir. Or, en Afrique où j’ai vécu aussi, ils vivent en collectivité. Donc, tu vois comment les gens interagissent avec les enfants, ce qui n’est pas notre cas à nous. Donc, il y a cette chanson-là que j’ai écrite. Ensuite, il y en a des coquines parce que quand tu as ton ex qui marche pendant 4 ans devant chez toi, il n’y a plus beaucoup de représentants qui viennent chez toi. Et au bout d’un moment, j’ai senti, (c’était très rigolo, que je n’avais plus envie d’homme dans ma vie, parce que c’était casse-pieds et que je n’en avais pas envie pour le moment) que, par contre, mon corps avait des besoins. Tu vois, vraiment une montée de libido parce que pendant 2-3 ans, ce fut la jachère. Or là, cela se réveillait, en tout cas, chez moi. Et donc, la première chanson qui s’appelle « Les rêves érotiques » je rêvais, je fantasmais en fait. « J’ai rêvé hier que j’étais une sorcière dotée de pouvoirs extraordinaires et j’ensorcelais tous les hommes de la terre pour qu’ils sachent tous comment me satisfaire. ». Et je raconte, dans cette chanson-là, que ce serait dans une cabane cachée où il y avait des bougies allumées. En fait, la sexualité féminine n’est pas directe, frontale, mais au contraire, elle prend soin du corps, le masse, le caresse,… et c’était un manuel d’utilisation pour les hommes en général, pour leur dire, voilà ce que moi personnellement et plein de copines, nous aimons bien. Et je finis la chanson en disant, « j’aimerais que ça devienne réalité ». Donc, c’était très soft. Puis, 3-4 mois après, je tombe amoureuse de tout le monde parce que tout est possible d’une certaine manière. Donc, la chanson s’appelle « De la lune au soleil » où je tombe amoureuse d’un gars qui vient par hasard quelques jours dans le village, c’est un copain d’un copain où nous devenons très, très, très proche d’un coup. Sauf que moi, je sais qu’il ne reste que 4 jours, et quelque part, cela m’embête d’avoir une relation physique avec lui, même si je m’entendais vraiment bien, que l’on avait une connexion d’esprit très forte. Et quand il me propose un soir de passer chez lui, je refuse car j’avais l’impression que ce n’était pas bien, juste le plaisir du corps, c’était quelque chose d’assez bloquant. Et peut-être aussi pour me prouver que cela pouvait rester comme cela. Bref, cela s’appelle « De la lune au soleil » et je le remercie, parce qu’à la fin, mon cœur battait encore. Tu vois cette idée ? Je pouvais retomber amoureuse, je n’étais pas complètement séchée. Et, heureusement que la musique est venue transcender tout cela.
Processus de création musicale
Sophie : oui la musique t’a permis de te libérer, de retrouver une joie, de dire non, ce n’est pas les autres qui allaient t’imposer leur humeur, comme avec ta première chanson. Et elle t’a permis également, de vraiment pouvoir à chaque fois faire un pas de plus, de trouver en toi la solution, de trouver le déclic, la croyance ou la peur. D’ailleurs, tu saurais décrire ton processus ?, nous en dire un peu plus ou est-ce que c’est vraiment l’inspiration qui te vient. Et la musique et l’écriture, c’est assez instantané, cela va assez de pair ?
Camille : alors moi, j’ai toujours bien aimé écrire. En fait, moi, dans le processus de mes chansons, ce que je fais, (parce que je ne suis pas une vraie musicienne, même si je le fais croire et que je fais hyper bien semblant, je n’ai pas eu une formation musicale). Donc, en fait, ce que je faisais, moi, c’était un message. Je m’écrivais un message qui devait rimer, pour faire comme une poésie. Et donc, j’écris un texte qui me plaît, qui raconte mon état intérieur ou que je veux transformer. Et ensuite, je prends la guitare et je me demande quel type d’accord appliqué : des majeurs, des mineurs ou des septièmes ? Par exemple, les mineurs, c’est toujours pour des chansons un petit peu tristes, parce que tu as une petite note qui va plutôt vers le bas. Les majeurs, cela va être plutôt des chansons gaies, comme des énergies d’enfant. C’est très franc. C’est très direct. Puis la septième, c’est un mélange, cela devient encore plus joyeux. Je ne sais pas comment expliquer. En fait, c’est une construction de plusieurs accords. Et moi, je prenais la guitare et je faisais mes accords que je connaissais. Au début, je n’en avais pas énormément. Maintenant, tout se trouve sur Internet. Et donc, je faisais ma parole et je faisais une suite d’accords. En fait, ce n’est pas très compliqué. Tu fais trois, quatre accords qui se suivent puis que tu répètes en boucle pour que d’autres musiciens, après, puissent venir se greffer sur toi. C’est comme une phrase musicale que tu répètes, cela s’appelle des loops. Et donc, j’essayais de trouver quelque chose comme ça qui se répétait et je vérifiais si mon texte, je pouvais l’inclure dedans, cela a été ma manière de faire des chansons. Au début, je n’ai jamais pensé pouvoir faire un album, puisque c’était vraiment pour moi que je les écrivais et mes enfants qui étaient hyper fans. Dès que j’avais une nouvelle chanson, ils la chantaient avec moi. Donc, mon processus est basé sur l’écriture puis vient ensuite les accords. Mais, dernièrement, une fois, j’ai eu comme une mélodie et j’ai pris la guitare, j’ai gratté quelques accords et j’ai mis une mélodie dessus. C’est une chanson qui est très jolie qui s’appelle « Je m’en fous, je vais bien ». Mais là, j’ai galéré, un an à trouver les paroles pour que cela aille dessus. C’était beaucoup plus compliqué pour moi, de le faire dans l’autre sens. Pour finir cette histoire d’album et comment cela s’est passé. En fait, j’ai été fédératrice d’un groupe de musiciens, parce que là où j’habite, il n’y a quasiment pas de musique et il n’y avait pas tellement de groupe, non plus. Or, j’avais des amis qui avaient un resto qui m’ont dit « Camille, tu joues de la musique, tu ne veux pas faire un concert ? ». Or sans savoir vraiment jouer, j’ai commencé à faire des concerts, comme on dit, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. J’étais vraiment très honorée mais je ne me sentais pas légitime. Donc, j’ai appelé tous les amis musiciens en disant « Venez tous ». Et après, on s’est mis à faire une espèce de groupe ensemble, de collectif. Et je leur disais à tous « Créez vos chansons », parce que lorsque l’on crée ses chansons, nous les chantons avec le cœur. Et donc, ils se sont tous mis à écrire ou sortir des chansons cachées, qu’ils n’osaient pas trop dévoilées. Et, tout le monde a ressorti de ses tiroirs leurs petites chansons. Et nous gagnions un peu de sous. Notre rêve, c’était un jour de faire un album avec ces chansons-là. Or, un gars est venu sur notre île, il est venu dans mon cabinet de kinésithérapeute. Et il me dit « tu ne connaîtrais pas des musiciens ? », car je suis venu là pour 6 mois et j’aimerais bien rencontrer des musiciens. Et je lui demande, « tu fais quoi ? » et il me dit «moi, je suis producteur musical. » Alors, je lui dis « Oh, tu nous intéresses. » A l’époque, nous avions 400 euros qui nous restaient de nos concerts. Et donc, je lui dis « Ecoute, je te donne 400 euros. Est-ce que tu peux nous enseigner comment enregistrer ? » Et le gars s’est pris au jeu et il nous a enseigné comment faire. Et c’est comme cela qu’un premier album avec lui est né qui s’appelle Le Collectif Florentino avec 8 artistes et 12 nationalités. Du coup, comme il m’avait enseignée comment faire, j’ai enregistré mes chansons car je trouvais dommage de les laisser dans le placard et qu’il fallait leur donner leur chance à ces chansons, même si je ne pensais pas, et que je ne suis pas toujours sûre aujourd’hui que cela va fonctionner mais on s’en fiche en définitive, car je leur donne leur chance. Moi, j’ai enregistré mon premier album avec une copine qui faisait un coup de drum derrière, une autre qui faisait du violon, des deuxièmes voix. Et après, ce fameux Yaron, mon copain producteur, m’a dit « Écoute, Camille, pour finir ton album, viens à Barcelone dans mon studio et on le « masterise » et je te fais les pistes qui manquent, parce que lui, il est vraiment doué. En tout cas, j’ai vraiment apprécié ce moment-là. Et comme je dis toujours, tout vient à point. Il y a eu vraiment un alignement des choses, ce qui fait qu’à 42 balais, je me suis retrouvée comme une gamine de 15 ans dans un studio de musique à Barcelone avec des copains. C’était vraiment très drôle. Et comme quoi, cela peut mener n’importe où, la créativité.
Sophie : Complètement. Et cela permet pour celles qui peut-être n’osent pas encore, qui écrivent ou qui peut-être grattent quelques accords, de pouvoir oser passer à l’action, d’oser écrire et chanter pour se libérer. C’est un bel outil pour changer et retrouver son estime de soi et sa confiance. On le voit, en tout cas, quand tu en parles, comment tu as retrouvé cette belle confiance en toi et cette estime de toi.
Camille : Tout à fait. Et là, c’est devenu mon outil, un de mes outils privilégiés quand j’ai un petit bobo au cœur ou que j’ai trop plein de joie ou qu’il y a quelque chose qui me perturbe. Et j’en suis quand même à 50 chansons. Alors il y en a qui ne sont vraiment pas terribles et je pense qu’il ne faut pas les montrer.
Sophie ; oui que ce soit par la peinture, par l’écriture, par le chant, par la danse. Je pense que c’est extrêmement important que l’humain puisse exprimer ses émotions, même si vous pensez qu’elles ne sont pas légitimes. Et surtout si vous pensez que ce n’est pas légitime, comme tu disais au début, tu pensais désobéir, alors que ce n’était pas désobéir. Oui, c’était désobéir à cette personne qui avait un total contrôle sur toi, qui t’imposais sa propre loi, sa propre pensée. Or, aujourd’hui, au XXIe siècle, ce n’est plus possible, Mesdames, si vous êtes soumises, violentées et autres, ce n’est pas de votre faute, vous n’en êtes pas responsable. Demandez de l’aide, faites-vous aider par des associations, par une amie, par la police, parce que je pense qu’aujourd’hui quand même, elle a un peu changé d’état d’esprit. Mais ne restez pas dans cette soumission, cela ne devrait plus exister aujourd’hui. C’est quelque chose qui me parle beaucoup, puisque moi-même, j’ai connu la violence physique. Donc forcément, cela résonne en moi. Ayons cette force de nous en libérer.
Dédicace au podcast Osez une autre voie avec une chanson : la liberté des effrontées
Sinon, est-ce que tu as autre chose à nous partager avant que tu nous fasses une spéciale dédicace, que tu nous dévoiles une de tes chansons ?
Camille : non. J’ai grand plaisir de vous partager cette chanson-là. Et donc, quand tu m’as proposée de jouer directement, dans ce podcast, une chanson. Avec la thématique de ta présentation, où tu dis que c’est difficile de dire non, je me suis vraiment reconnue, d’être justement gentille, de devoir être gentille. Et donc la chanson qui s’appelle « La liberté des effrontées » que j’ai écrite, il y a deux ans (car même en changeant de compagnon, là, j’ai vraiment une crème, je suis ravie de mon homme, il y a quand même des moments où je n’arrive pas à dire quand cela me perturbe, sur le moment. Et donc, il y a eu une petite accumulation, c’est toujours des histoires de limites, d’arriver à poser ses limites et à les verbaliser), je voulais vous la partager car un jour, j’ai senti une colère monter en moi. Et cette colère, (avant, je ne m’autorisais pas de sentir la colère, cela me mettait trop en danger par rapport à l’amour d’autrui, de ne pas être aimé) qui montait, genre : « maintenant, cela suffit », j’étais trop contente de la sentir cette colère ! Evidemment, je ne l’ai pas déversé sur mon homme, et je l’ai mise sur papier, je l’ai mise en chanson. C’est pourquoi, cela s’appelle « la liberté des effrontées », celles justement qui ont la possibilité de toujours dire ce qu’elles pensent et ce qu’elles veulent.
J’avoue que je ne l’ai pas du tout pratiqué, puisque j’ai reçu ton message peu avant l’enregistrement donc je vais essayer.
Sophie : tu peux ne faire que quelques accords, nous écouterons la chanson ensuite.
Camille : « Dans ma poitrine, le tonnerre gronde, un geyser de colère m’inonde, remontent alors toutes mes humiliations passées, tous ces petits moments où j’ai préféré la fermer, tous ces petits moments où j’ai gardé les yeux baissés, tous ces petits moments où je ne me suis pas respectée. Parce que j’avais trop peur de déplaire, parce que je ne savais que me taire. Aujourd’hui, j’étouffais, j’enrage de ne savoir qu’être sage. De tous ces petits moments où j’ai préféré la fermer, de tous ces petits moments où j’ai gardé les yeux baissés, de tous ces petits moments où je ne me suis pas respectée. J’ai des envies de péter les plombs, des envies que cela ne tourne pas rond. Je ne veux plus être docile, je ne veux plus être gentille. Car aujourd’hui, j’étouffais, j’enrage de ne savoir qu’être sage. De tous ces petits moments où j’ai gardé les yeux baissés, de tous ces petits moments où j’ai gardé… »
Sophie : Merci beaucoup, Camille, merci.
Camille : Avec grand plaisir, avec grand plaisir.
Coordonnées de Camille Farge et conclusion
Sophie : Merci pour ce partage et pour cette dédicace à ce podcast.
Merci beaucoup pour ces effrontées.
J’espère que cela parlera et j’en suis sûre à nos audacieuses et à nos auditrices.
Et vous retrouverez Camille Farge en juillet avec sa casquette de kinésithérapeute Interview de Camille Farge avec 1er livre « O Grito Do Corpo », cri du corps (sophieame.ovh)
Je mets tous les liens pour que vous retrouviez son premier album puis le deuxième album.
Inassouvie, nom du 1er album que Camille Farge a réalisé elle-même. Puis il y a eu quelques arrangements et la « masterisaton » qui ont été faits ensuite, en Studio à Barcelone par Yaron Weida, un ami d’origine allemande et espagnole. Cet album vous pouvez le retrouver sur toutes les plateformes comme Deezer, YouTube, Spotify,…
Instagram : https://www.instagram.com/camille.farge.compositrice/
Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100081427120245
Pour écouter le 2ème album qui est en attente de « masterisation », allez sur SoundCloud et tapez le nom Camille Farge Florentina : https://soundcloud.com/user-615226797
PS : Si vous voulez écouter cet épisode ou le réécouter, vous le pouvez sur votre plateforme préférée (Apple podcast, Goodpods, Amazon music, Castbox, Spotify, Deezer, YouTube https://youtu.be/WiB11SG7RZ0) en tapant Osez une autre voie. Bonne écoute.
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